Le PER est certainement le ratio financier le plus utilisé en Bourse même s’il n’est pas toujours bien compris.
Le PER d’une action (Price Earning Ratio ou encore P/E) est le nombre de fois que le bénéfice par action est capitalisé dans le cours de l’action.
PER = Cours de l’action / Bénéfice Net Par Action = Capitalisation boursière / Bénéfice Net
Il sert surtout utilisé pour :
- comparer le prix d’une société par rapport aux autres sociétés, de préférence dans le même secteur d’activité et de taille équivalente.
- comparer le PER actuel d’une société à son PER historique pour évaluer si l’action est sous-valorisée ou survalorisée.
D’une manière générale, on peut dire que plus le PER est élevé, plus l’action de la société est considérée comme « chère ». Mais cette cherté doit être apprécier en fonction du secteur d’activité et de la taille de l’entreprise.
Exemple de calcul du PER :
Soit une société dont le capital est composé d’un million d’actions et dont le bénéfice net est de 800 000 €.
Le Bénéfice net par action (BNPA) = Résultat net / Nombre d’actions = 800 000 / 1 000 000 = 0.8 €
Si le cours de l’action est à 10€, PER = Cours de l’action / BNPA = 10 / 0.8 = 12.5
Si le cours de l’action passe de 10€ à 16€, le nouveau PER = Cours de l’action / BNPA = 16 / 0.8 = 20
La hausse du cours de l’action a mécaniquement augmenté le PER puisque le bénéfice net n’a pas changé lui.
Inconvénients du PER
- Il ne prend pas en compte la structure financière de la société. Le PER n’est donc pas forcément pertinent pour des sociétés très endettées ou des sociétés avec une trésorerie nette importante. On utilisera plutôt le ratio VE/EBITDA dans ces cas là.
- Le PER ne peut s’appliquer qu’a des sociétés bénéficiaires (dont le résultat net est positif). En effet, le PER d’une société déficitaire serait négatif et n’aurait guère de sens.
Impact de l’endettement et de la trésorerie
Prenons par exemple 2 sociétés travaillant dans le même secteur d’activité, possédant la même capitalisation boursière et faisant le même bénéfice nette. La société A possède un excédent de trésorerie et la société B est endettée comme détaillé dans le tableau ci-dessous.
Pour un investisseur, la société A semble plus intéressante que la société B mais pour le ratio PER, il n’y a aucune différence entre les 2 sociétés. Logique, puisque le PER ne prend pas en compte les dettes, ni la trésorerie.
Société A | Société B | |
Nombre d’actions | 1 000 000 | 1 000 000 |
Prix d’une action | 10 € | 10 € |
Trésorerie | 6 000 000 € | 0 € |
Dettes | 0 € | 5 000 000 € |
Résultat net | 500 000 € | 500 000 € |
PER | Capitalisation / Résultat Net = (10 * 1 000 000) / 500 000 = 20 |
Capitalisation / Résultat Net = (10 * 1 000 000) / 500 000 = 20 |
Valeur d’Entreprise (VE) |
Capitalisation + Dettes – Trésorerie = 10 000 000 + 0 – 6 000 000 = 4 000 000 € |
Capitalisation + Dettes – Trésorerie = 10 000 000 + 5 000 000 – 0 = 15 000 000 € |
VE / Résultat Net | 5 | 30 |
D’autres ratio comme le VE / Résultat d’exploitation (ou EBIT) ou VE / EBITDA peuvent combler cette inconvénient du PER et s’avérer utile pour analyser des sociétés qui ont un endettement net positif ou négatif.
La notion de Valeur d’Entreprise, noté VE peut paraître contre intuitif, elle représente la valeur à laquelle on paie la société sur le marché (ou plus précisément la valeur de marché des capitaux propres investis dans la société). Par conséquent, il est logique que la Valeur d’Entreprise d’une société endettée soit moindre que celle d’une société qui bénéficie d’un excédent de trésorerie. En tant qu’investisseur et potentiel acheteur, plus la VE est basse mieux c’est, comme pour le PER.
Les belles sociétés sont toujours chères
Les sociétés dont la croissance des bénéfices est régulière ou dont les futurs profits sont facilement anticipables, s’échangent généralement avec un PER élevé. Cette surcote est surtout visible sur les grandes entreprises possédant un fort avantage concurrentiel (wide moat), c’est le prix de la stabilité.
Par exemple, Essilor, n°1 de la fabrication de verres correcteurs, dont le résultat net a continuellement augmenté même pendant la crise (entre 3% et 17% de d’augmentation chaque année depuis 2006) a un PER « haut » de 25 en 2013.
PER élevé et mauvais résultats = lourde baisse
Attention, si une entreprise qui a un PER élevé car le marché s’attend à une forte croissance de son bénéfice annonce de mauvais résultats, la sanction du marché sera double.
L’action baissera du fait des mauvais résultats mais également parce que la valorisation « chère » de l’entreprise se basait sur des anticipations qui ne se réaliseront pas.
Exemple :
Une société A a une capitalisation boursière de 500 millions d’euro et le marché attend un résultat net de 20 millions d’euros cette année, le PER de l’entreprise est donc capitalisation boursière / résultat net = 500m / 20m = 25, ce qui dans l’absolu est un PER haut même si cela peut varier selon les secteurs.
La société A annonce que son résultat net ne sera finalement que de 10 millions d’euros cette année.
- Le PER anticipé n’est plus de 25 car le résultat net est 2 fois inférieur à celui attendu.
Le nouveau PER = 500m / 10m = 50, ce qui est énorme. Pour retrouver un PER de 25, il faudrait que le prix de l’action chute de moitié… - Mais le PER de 25 pouvait uniquement se justifier lorsque la société était en forte croissance, ce qui n’est apparemment plus le cas compte tenu des derniers résultats. Imaginons qu’on applique désormais un PER plus raisonnable de 15 à la société, cela donnerait une capitalisation boursière de 15 x Résultat net = 15 x 10m = 150m, loin des 500 millions à laquelle était valorisée la société sur le marché avant l’annonce des résultats.
La baisse de 50% du résultat net a engendrée une baisse de 70% de notre estimation de valorisation par le PER.
Les chiffres choisi dans cette exemple sont volontairement grossiers pour illustrer la problématique.
En pratique, il est rare que le marché se trompe de 50% sur le bénéfice attendu et l’action n’aurait pas baissée de 70% car il y a d’autres paramètres qui rentrent en compte (d’où les limites du PER) et les marchés ne sont de toutes manières pas efficient à 100%.