Le fonctionnement des Options – Les produits financiers

Une option est instrument financier qui fait partie de la famille des produits dérivés.

C’est un contrat entre un acheteur et un vendeur qui donne à l’acheteur de l’option le droit et non l’obligation d’acheter (Call) ou de vendre (Put) un actif sous-jacent (ex : une action) à un prix fixé à l’avance (strike), à une date donnée ou pendant une période définie à l’avance.
Un Call est une option d’achat qui donne donc la possibilité d’acheter un actif dans le futur à un prix convenu à l’avance.
Un Put est une option de vente qui donne donc la possibilité de vendre un actif dans le futur à un prix convenu à l’avance.
Acheter une option c’est acheter le droit de faire un choix en contrepartie du paiement d’une prime (le prix de l’option).

Sous-jacent : Un actif sous-jacent est un actif sur lequel porte une option ou un produit dérivé. Il peut être financier (actions, obligations, bons du Trésor, contrats à terme, devises, indices boursiers…) ou physique (matières premières agricoles, métaux précieux…).

Option européenne : une option européenne permet d’exercer l’option (achat/vente du sous-jacent) uniquement à la date d’échéance.

Option américaine : une option américaine permet d’exercer l’option (achat/vente du sous-jacent) jusqu’à la date d’échéance.

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Les manipulations boursières (chasse aux stops loss, rumeurs, HFT)

« Le cours de cette action est manipulé », voilà un refrain que nous entendons souvent à tort et à travers.

Il existe plusieurs méthodes pour manipuler les marchés boursiers (chasse aux stops loss, rumeurs, spoofing, layering), la plupart sont illégales mais certaines sont plus difficiles à repérer que d’autres.

La liquidité est un facteur important, une action peu liquide sera plus facilement manipulable qu’une action du CAC 40.
N’importe qui peut manipuler le cours d’une action (mais pas n’importe laquelle), cela peut être fait par un trader particulier ou par un trader professionnel travaillant pour un hedge fund, un courtier ou une banque d’investissement. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’une banque d’investissement s’adonnant à ce type de pratique a largement plus à perdre qu’un trader particulier.

Une banque d’investissement ou un courtier qui se fait prendre pour manipulation de marché risque une amende mais également de perdre la confiance de ses clients (cela semble bête mais c’est primordial dans ce milieu) et surtout, le régulateur peut lui interdire tout simplement de traiter sur le marché qui a été la cible de la manipulation boursière, ce qui a des conséquences dévastatrices. C’est un peu comme retirer son permis de conduire à un taxi.
Un particulier risque « seulement » une amende proportionnelle à l’ampleur de la manipulation.

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La stratégie Short Biased des Hedge Funds

Les hedge funds Short Biased misent sur la baisse de certains titres en utilisant la vente à découvert (VAD). Ils gagnent de l’argent si le titre sélectionné baisse mais également en plaçant les liquidités dégagées lors de la vente à découvert.

Cette stratégie est très risquée à long terme car les marchés boursiers sont historiquement haussiers.

Explications sur la vente à découvert (short selling) et son utilisation par les hedge funds.

La vente à découvert
(Short Selling)

La vente à découvert permet de vendre une action que l’on ne possède pas et de l’acheter plus tard. Habituellement, on achète puis on vend car on anticipe une hausse. Par exemple, on achète Total à 30 € on a comment objectif de revendre à 35 €.
La vente à découvert permet de miser sur la baisse. On va vendre Total à 35 €et racheter l’action à 30 € (si le cours descend à ce prix). On gagnera donc de l’argent sur la baisse de l’action.

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La fraude du trader d’UBS expliquée

La banque helvétique UBS a annoncée le 15 septembre avoir découvert des opérations de négoce non autorisées au sein de sa banque d’investissement. Les pertes engendrées par cette fraude ont été estimées à 2 milliards de dollars, puis réévaluée à 2,3 milliards de dollars.

Les opérations de négoce non autorisées « ont été menées par un courtier travaillant au sein de l’activité « Global Synthetic Equity » à Londres. Le présumé coupable, Kweku Adoboli, trader senior sur ETF et co-directeur du desk de trading Global Synthetic Equities  avec John Hughes a été accusé par les autorités de fraude par abus de confiance.

Logo de la banque suisse UBS
Logo de la banque suisse UBS

Un trader travailleur aux allures de Golden Boy

Le trader a été dépeint dans la presse comme un golden boy qui travaillait tard le soir et faisait la fête le week-end. Avec un salaire de 300 000 euros hors bonus qu’il dépensait apparemment pour louer un loft de 300m² près de la City pour environ 5000 € par mois, organiser de grande fêtes avec DJ et acheter des vins argentins.
Kweku Adoboli a rapidement progressé en ne comptant pas les heures de travail. Entré en 2006 au back-office d’UBS où il appris les processus de traitements des deals financiers, il était trader senior sur les ETF (Exchange Traded Funds).

Une activité de trading pas réellement risquée

Kweku Adoboli travaillait sur un desk Delta One sur ETF. Ce type de trading est théoriquement peu risqué pour la banque car les positions sont généralement hedgées (couvertes). Les variations à la hausse ou à la baisse n’ont donc pas d’influence sur les pertes et les gains du desk lorsque celui-ci est correctement hedgé.

Les ETF (où trackers en français) indiciels sont des produits financiers reproduisant les variations d’un indice boursier. Un tracker indiciel est donc en théorie composé d’un ensemble d’actions, ce qui est plutôt simple à gérer. En pratique, la plupart des banques remplacent le panier d’actions d’un tracker par des produits dérivés qui bénéficient d’un effet levier et qui immobilisent donc moins d’argent pour un gain similaire.
Exemple : au lieu d’acheter une action pour 50€, je vais acheter un produit dérivé indexé sur l’action pour 5€ et dont la valeur augmentera de 10% lorsque le prix de l’action augmentera de 1%. L’argent immobilisé pour être exposé à la hausse de l’action sera donc 10 fois moindre en utilisant un produit dérivé avec un effet levier de 10. Cependant les produits dérivés ne sont pas si simple et leur utilisation comporte des risques liés aux variations des marchés.

Le travail de Kweku Adoboli était d’acheter et de vendre ce type de produits dérivés pour gérer l’exposition de son desk au marché en se couvrant (hedging) afin de limiter les risques liés aux variations des prix, de la volatilité etc.En pratique certains traders travaillant sur des desks Delta One prennent des positions à risques en omettant de couvrir entièrement leurs positions. Ils engendrent ainsi des gains ou des pertes en fonction des variations du marché mais exposent la banque à un risque bien plus grand que celui prévu.

Les 2 principaux exemples de rogue traders travaillant sur des desks Delta One sont Jérôme Kerviel qui a fait perdre 5 milliards d’euros à la Société Générale et Kweku Adoboli qui aurait fait perdre approximativement 2,3 milliards de dollars à la banque suisse UBS.

Les processus de contrôle interne des banques sont beaucoup moins rigides sur les activités comme le trading Delta One car les risques sont théoriquement faibles.

Contrairement à ce que l’on a pu entendre dans les différents médias, les produits financiers manipulés par le trader n’étaient pas particulièrement « complexes » ou « sophistiqués », ce n’était que des produits dérivés courants. Les ETF (trackers) ne sont pas non plus en cause, ces produits sont simples, n’importe qui peut en acheter, c’est la gestion des risques liés aux trackers par la banque qui laisse parfois à désirer mais qui est la plupart du temps totalement maitrisée.
Cette perte pour UBS vient d’une fraude de la part du trader et non pas d’activités risquées. Le seul tort d’UBS est de ne pas avoir mis en place un système de contrôle efficient. Mais ces derniers temps, il est toujours plus facile et vendeur de complexifier la réalité car, comme écrivait Maupassant, « on a vraiment peur que de ce qu’on ne comprend pas ».

D’après les premiers éléments de l’enquête, Kweku Adoboli auraient créé des transactions fictives de couverture avant de cacher le fait qu’il dépassait les limites qu’imposait la gestion des risques à son activité.

Pourquoi a-t-il frauder ?

A ce stade de l’affaire, on ne sait encore que trop peu de choses sur ce qui s’est passé pour avancer avec certitude une explication.
Cependant il y a 2 principales hypothèses :

  • Le trader essayait de maximiser ses gains pour percevoir un meilleur bonus ce qui l’a incité à dépasser ses limites de manière frauduleuse et il s’est ensuite retrouvé piégé après avoir perdu.
  • Le trader a fait une erreur en essayant de gérer les risques de son portefeuille avec des produits dérivés, ce qui lui a fait perdre de l’argent. Pour essayer de « se refaire » il a dépassé ses limites en enregistrant des transactions fictives de couverture, ce qui n’a fait qu’augmenter sa perte.

Selon certaines sources, sa perte serait en partie due à la décision de la Banque Nationale Suisse (BNS) de fixer un taux statique entre l’euro et le franc suisse (taux EUR/CHF à 1,2). Cette décision est exceptionnelle et a provoqué une hausse de l’euro face au franc suisse de quasiment 9% (ce qui est énorme pour le forex).

Il est probable que le trader, sans arrière pensée ne se soit pas couvert contre un risque de baisse subite du franc suisse qui semblait très improbable et qu’il se soit retrouvé piégé.

Le contrôle des activités des traders

Le back-office d’une banque gère toute la partie administrative nécessaire à l’exécution d’une transaction. Kweku Adoboli a commencé en 2006 au back-office d’UBS, ce qui lui a permis de comprendre les processus internes et certainement de conserver certains accès. Après avoir travaillé au back-office de la banque, il avait toutes les connaissances et accès nécessaires à l’enregistrement de fausses transactions de couverture. Le risk management d’UBSavait donc l’impression qu’il respectait bien les limites de risques qui lui étaient imposées.La connaissance du fonctionnement du système de gestion des transactions du back-office n’est pas un problème en soi. Le problème est qu’il a certainement conservé ses droits d’accès aux logiciels utilisés par le back-office ou utilisé les accès d’autres personnes.

C’est le trader lui même qui a alerté sa hiérarchie de sa perte, ce qui signifie qu’il aurait sans doute pu la cacher encore quelques mois grâce à d’autres transactions fictives et montre bien la faillite du système de contrôle d’UBS.

Ce genre de fraude est possible dans beaucoup de banques lorsque l’on connait bien les ficelles du back-office. Cet exemple montre une fois de plus que ce ne sont pas les activités les plus risquées de la banque qui sont impactées.

Les banques doivent mettre en place

  • une politique stricte de gestion des droits d’accès informatique
  • des audits réguliers et non planifiés permettant de vérifier que des transactions ont bien été validées par les bonnes personnes. Il devrait être impossible qu’une personne puisse valider un deal de A à Z.
  • des processus de contrôle interne permettant de retracer les gains effectués par chaque desk de trader

Accumulation de problèmes chez UBS

Les pertes provoquées par cette fraude vont affaiblir UBS sur les marchés financiers.

UBS avait été particulièrement affectée par la crise des subprimes en 2007-2008. La Banque Nationale Suisse (BNS) avait même dû racheter pour plus de 39 milliards de dollars d’actifs toxiques à UBS.

La banque suisse est également en froid avec plusieurs pays car nombre de ses clients sont accusés d’évasion et de fraude fiscale. UBS avait dans un premier temps refusé de dévoiler au fisc américain les noms de 52 000 de ses clients. Les 2 partis ont finalement réussi à s’entendre à l’amiable.

Sources : AFP, Reuters, UBS